Critiques

Danse : quand les corps écrivent notre contemporanéité

Fusion, le spectacle de restitution de danses hip-hop et urbaines à l’Ifc de Yaoundé, le 14 avril dernier, a servi de jauge au travail abattu par les 20 danseurs camerounais dont sept femmes, ayant participé à Othni à la résidence de formation de dix jours intensifs. Résidence encadrée par Chantal Gondang, Rolland Alima et Marie Houdin et qui a réuni des danseurs professionnels à la réputation établie. Le tout sous le regard bienveillant de Thomas Rolland, initiateur du projet Printemps Hip-hop Cameroun et non moins organisateur sous l’égide de l’association Attitude de la célèbre compétition internationale de Battle of the year (BOTY).

 Sur la scène, on aura donc vu des Bboys et Bgirls faire valoir la qualité de leur technicité, expressivité et créativité dans les disciplines du hip hop et autres danses urbaines locales au long de cette création chorégraphique ci d’ « évaluation ».

En effet par la maitrise aisée de l’enchainement des pas de danse (steps) et des mouvements du popping, break, locking ou des rythmes du terroir comme l’ambass-bey ou le bendskin, les interprètes par deux, trois, quatre ou alors en crew (équipe) ont introduit les spectateurs dans le récit des différents tableaux de l’écriture chorégraphique de Fusion. Il en est ainsi de la figuration très funk d’un amour à trois (deux hommes une fille). L’ondulation de buste de l’aimée impulsait nos propres battements du cœur. Toujours dans le récit du sensuel, le duo Fanny Love et Fall s’est illustré par le mouvement synchronisé d’une quête du sol, lentement, prudemment, presque rampant à quatre pattes, pour devenir, debout, des corps mêlés au baiser fleuré, humé, respiré. La transe des deux entités qui se séparent par la suite atteint le point culminant du liquid pop.

On aura tout autant été subjugué par l’usage des figures powers moves, shoulder  freeze, ou pilot du break dance (danse au sol)  et le fresnos, le twisto-flex, styles du popping pour raconter la violence, les rivalités, le leadership, l’amour, les crises, etc.  dans nos sociétés contemporaines.

En acte final du spectacle, les danseurs ont offert au public une session de free style sur fond de battle improvisé pour clôturer une joyeuse aventure humaine dansée. Une heure de représentation pour dire la vie sous le prisme de tous les états de beauté et d’effroi. Où le corps, comme matériau et mémoire, écrit notre contemporanéité.   

Martin Anguissa [juin 2021]

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